Lettre d’information de JEAN-PIERRE LELEUX – Sénateur des Alpes Maritimes – Maire honoraire de Grasse
Lettre d’information de JEAN-PIERRE LELEUX – Sénateur des Alpes Maritimes – Maire honoraire de Grasse

Loi « Notre-Dame de Paris » : Moins de précipitation et plus d’humilité !

Dans la nuit du 15 au 16 avril dernier, l’incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris a soulevé un immense et unanime émoi populaire. La destruction par les flammes de la toiture, de la charpente et de la flèche si caractéristique, que nous devons à l’architecte Viollet-le-Duc, a généré, dans l’âme de chacun de nos concitoyens et dans le monde entier, une peine et une douleur profonde unissant notre Nation dans une émotion partagée et rassembleuse. Preuve réconfortante que la puissance symbolique de Notre-Dame de Paris, incarnation si visible de notre civilisation chrétienne et de notre histoire patrimoniale, était toujours bien vivante au fond de tous nos cœurs et de nos âmes.

Mais très vite, cette belle unanimité s’est fracturée et a volé en éclats, devant la précipitation et la méthode utilisée pour envisager l’avenir.

Certes, le président de la République a eu raison de s’exprimer rapidement pour incarner et relayer positivement cette émotion populaire et affirmer son volontarisme dans le futur que nous réserverons à ce joyau national.

Etait-il, pour autant, bien nécessaire d’annoncer le délai de cinq ans alors même que le diagnostic des dégâts provoqués par les flammes, la chaleur et l’eau n’est même pas encore finalisé ? Etait-il bien nécessaire de dire : « Nous allons la reconstruire, plus belle encore » ? Plus belle encore ! Qu’est-ce que cela veut donc dire ?

Etait-il bien nécessaire d’annoncer le lancement d’un concours d’architecture qui, dans la minute qui a suivi, a provoqué un tollé de questions sur le parti qui serait pris dans la reconstruction de Notre-Dame ? Quelle architecture pour la toiture et la flèche ? Quels matériaux pour la charpente ? Quel architecte prétendra rivaliser le génie de Viollet-le-Duc tout en rêvant de marquer de son sceau créatif contemporain ce début de XXIème siècle ? Quelle silhouette offrira Notre-Dame aux générations de demain ?

Ces réflexions méritaient sans doute plus d’humilité que de précipitation.

Je me suis beaucoup impliqué dans le débat, au cours de l’examen du texte en procédure accélérée. J’ai milité et défendu l’idée d’une reconstruction qui soit la plus respectueuse possible de la Cathédrale et de sa flèche que nous connaissions à la veille du sinistre. Avec mes collègues du Sénat et tout particulièrement notre rapporteur Alain Schmitz, nous sommes intervenus pour supprimer les articles qui autorisaient le Gouvernement à déroger, par ordonnances, aux codes du patrimoine, de l’urbanisme, des marchés publics et de l’environnement.

Après une Commission mixte paritaire, non conclusive, entre l’Assemblée nationale et le Sénat, nous avons eu partiellement gain de cause et amené le Gouvernement à davantage de sagesse. Le texte, aujourd’hui, présente encore des risques, mais ils sont considérablement jugulés.

Avec les défenseurs du patrimoine, nous resterons très vigilants sur le parti architectural qui sera envisagé dans les mois et années à venir.

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