Lettre d’information de JEAN-PIERRE LELEUX – Sénateur des Alpes Maritimes – Maire honoraire de Grasse
Lettre d’information de JEAN-PIERRE LELEUX – Sénateur des Alpes Maritimes – Maire honoraire de Grasse

Loi Bioéthique et PMA : Une généalogie privée de pères

Dans le cadre de la révision de la loi Bioéthique, l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes seules va revenir au cœur du débat.

Monsieur le Président, faites attention à cette nouvelle fracture que vous allez susciter dans le corps social de la nation française. Ne rouvrez pas certaines blessures de notre société, déjà si fragilisée.

En fin d’année dernière, un important sondage (Kantar-Sofres) indiquait que la « PMA dite pour toutes » n’était en rien une priorité des français. Elle arrive, en effet, en 17ème position sur une série de 19 propositions, très loin derrière le pouvoir d’achat, l’écologie, la sécurité, l’immigration,…

Et si je lis avec attention le rapport du Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE), il m’apparaît que, bizarrement, la grande majorité des « collèges » auditionnés était défavorable à la « PMA pour toutes » alors que, paradoxalement, sa conclusion donne, du bout des lèvres, un avis qui lui est favorable.

A croire que les organisations entendues n’étaient pas représentatives ou qu’il y avait lieu de rendre un avis dans le sens « qu’il fallait ».

D’autant que, en 2005, le même CCNE concluait son rapport par la phrase suivante : « L’ouverture de la PMA à l’homoparentalité ou aux personnes seules ouvrirait de fait ce recours à toute personne qui en exprimerait le désir et constituerait peut-être alors un excès de l’intérêt individuel sur l’intérêt collectif ».

Oui, il s’agit bien, dans cette « ouverture », de laisser s’exprimer pleinement le désir d’enfant, que l’on peut évidemment comprendre. Toutefois, force est de constater que ce « droit à l’enfant » est en train de primer sur le « droit de l’enfant » notamment à avoir un père et à connaître de quelle histoire il est issu.

Argumenter cette ouverture par le souci d’une prétendue égalité entre les couples hétérosexuels et les couples homosexuels ressort de l’absurde. Un enfant est le fruit d’un homme et d’une femme, qu’on le veuille ou non et est en droit d’espérer savoir qu’il a les deux.

Les gens, qui, comme moi, sont opposés à ouvrir cette brèche dans la construction anthropologique de l’enfant, ne sont ni des vilains réactionnaires ringards, ni d’horribles homophobes, qui s’opposeraient à un mouvement « progressiste » de bon aloi. Mais simplement des personnes qui doutent qu’un tel « progrès » en soit vraiment un et qui pensent qu’il y a un véritable risque à nier délibérément le rôle et la représentation du père dans son éducation.

Au moment où le principe de précaution est brandi pour toutes les questions d’écologie et de santé publique, il est étonnant qu’il ne soit pas invoqué sur ce délicat sujet dont les conséquences et les dérives potentielles sur le devenir de notre société ne sont pas connues.

Certes, la technique médicale rend cette évolution possible. Mais tout ce qui est possible doit-il être autorisé, au risque de modifier profondément la chaine de filiation qui est le socle de notre organisation sociale ? Le progrès implique-t-il la négation des limites ?

Enfin, la PMA engendrera inéluctablement la gestation pour autrui (GPA) et la marchandisation des corps. Au nom de cette sacro-sainte « égalité » comment pourra-t-on refuser aux couples d’hommes ce que l’on aurait autorisé aux couples de femmes ?

Pères et mères devraient désormais devenir indifférenciés au point qu’on voudrait les désigner par « parent 1 » et « parent 2 ». Lequel donc serait le 1 et qui le 2 ?

Le bouleversement que l’on nous propose est anthropologique. Il remet en cause la nature même de l’être humain. Cet être humain qui, apprenti sorcier, joue avec le feu et construit, lui-même, la machine qui pourrait le détruire.

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