Lettre d’information de JEAN-PIERRE LELEUX – Sénateur des Alpes Maritimes – Maire honoraire de Grasse
Lettre d’information de JEAN-PIERRE LELEUX – Sénateur des Alpes Maritimes – Maire honoraire de Grasse

Défendre la ruralité et le pastoralisme : Une ardente nécessité

Force est de constater que la fracture entre monde rural et urbain n’a fait que s’aggraver au cours des dernières décennies et que la représentation des territoires a été affaiblie lors des différentes réformes intervenues, alors que la ruralité, qui remonte aux origines de notre organisation sociale et économique, est une chance pour notre pays.

C’est bien ainsi qu’elle doit être considérée, parce que regorgeant des ressources qui sont autant d’opportunités pour l’avenir.

Malgré cela, nos territoires ruraux supportent de nombreuses souffrances, se sentent délaissés et font trop peu l’objet de l’intérêt des politiques publiques menées qu’il s’agisse de la désertification médicale, de la fracture numérique, de leur enclavement, de la crise de l’agriculture, du poids des normes souvent inadaptées, de la réduction des dotations de l’Etat ou des transferts de compétences ignorant trop souvent les réalités diverses du terrain.

D’un point de vue du fonctionnement de nos institutions, ce combat doit aussi être celui qui permettra de renouer avec la proximité, le maire étant l’élu que nos concitoyens plébiscitent le plus.

Devant ce constat, les leviers d’action sont pourtant nombreux.

Mettre en œuvre une « politique de la ruralité » à la hauteur de la « politique de la ville », bénéficiant de réels soutiens financiers et logistiques, instaurer des « zones franches rurales » à l’image des « zones franches urbaines et ultramarines », assurer les territoires d’une représentation politique suffisante, élaborer une péréquation financière plus juste, adapter les normes aux spécificités locales et permettre une véritable relance de l’aménagement du territoire n’en sont que quelques exemples.

Or, ce plan d’action nécessite une volonté politique forte et assurée que n’a pas le Gouvernement.

Comment peut-on négliger à ce point 20% de notre population vivant sur 80% du territoire !

C’est en ce sens que j’ai cosigné, avec plusieurs de mes collègues, en octobre dernier, une proposition de loi visant à reconnaître la ruralité comme grande cause nationale, sans que ce texte, malheureusement, ait pu prospérer à ce jour.

Et parmi les inquiétudes du monde rural, celles concernant le pastoralisme ne doivent pas, non plus, nous laisser indifférents, suite à la mise en œuvre par le Gouvernement, à partir de 2018, du « plan national d’actions sur le loup et les activités d’élevage ».

Trop souvent, nos éleveurs vivent, en effet, dans un contexte traumatisant dû à la recrudescence des attaques des troupeaux par les grands prédateurs – plus de 12 500 victimes déclarées l’année dernière – et à l’augmentation du nombre de zones concernées sur le territoire national.

A plusieurs reprises, les sénateurs se sont mobilisés pour réclamer que soient mises en pratique de réelles solutions concrètes et durables permettant de remédier à cette situation bloquée et délicate qui met en péril l’élevage dans notre pays.

C’est en ce sens que notre assemblée a voté, en octobre dernier, une résolution préconisant des réponses pragmatiques aux attentes exprimées.

Notre département des Alpes-Maritimes étant particulièrement touché par ces attaques, j’avais interpellé le ministre de la transition écologique et solidaire, par une question écrite, sur l’urgence qu’il y a d’agir, à un moment où les éleveurs et les élus ruraux se sentent abandonnés par les pouvoirs publics.

Fort heureusement, le Gouvernement, prenant enfin acte que le nombre de loups avait dépassé le seuil de viabilité de l’espèce, vient de décider, récemment, la révision du « plan national » en adaptant certaines mesures de protection et administratives.

Nous demandons, aujourd’hui, à ce que la France joigne sa voix à celle d’autres pays pour demander à ce que le loup, listé, dans la Convention de Berne, parmi les « espèces strictement protégées » le soit désormais au titre des « espèces protégées ».

Ce qui aurait pour conséquence de permettre à la France de s’orienter vers d’avantage de souplesse dans sa gestion et, ainsi, d’apporter plus de sérénité dans sa cohabitation avec le pastoralisme.

Voir toutes mes newsletters