Lettre d’information de JEAN-PIERRE LELEUX – Sénateur des Alpes Maritimes – Maire honoraire de Grasse
Lettre d’information de JEAN-PIERRE LELEUX – Sénateur des Alpes Maritimes – Maire honoraire de Grasse

MONSIEUR LE MINISTRE D’ETAT, NOUS DISONS NON À L’EXPLOITATION
COMME BIOCARBURANT DE L’HUILE DE PALME IMPORTÉE !

A l’initiative de notre collègue, monsieur Jean Bizet, président de la commission des affaires européennes, au sein de laquelle je siège également, nous avons été plusieurs sénateurs Les Républicains à cosigner une lettre ouverte à l’attention de monsieur Nicolas Hulot, ministre d’Etat, ministre de la transition écologique et solidaire.

Son objet, lui faire part de notre plus grand étonnement devant l’autorisation qu’il vient d’accorder « sans aucune gaieté de cœur » au groupe Total d’exploiter 300 000 tonnes d’huile de palme importée en vue de produire des biocarburants.

Cette décision apparaît, en effet, fort éloignée de ses engagements, de son ambition environnementale et du « Plan Climat » qui entendait faire de la lutte contre la déforestation le cheval de bataille de son action gouvernementale.

Plus que cela, elle laisse un goût amer, celui de la défaite avant que la bataille ne soit livrée. Ce feu vert accordé à Total est un renoncement vis-à-vis de nos impératifs écologiques et une contradiction avec un modèle agricole duquel est exigé proximité, qualité et durabilité.

Nous le savons, l’huile de palme est avec le soja l’une des principales sources de déforestation dans le monde. En Asie du sud-est, ses ravages sont responsables d’une disparition tragique de la biodiversité. Certifiée « durable » par des organismes tiers, elle échappe en réalité bien souvent à la rigueur des normes applicables en Europe.

Or, cette autorisation soulève à juste titre les inquiétudes de notre monde agricole, dont les médias se sont faits abondamment l’écho ces jours derniers. Alors que les filières colza et tournesol sont en capacité de produire la matière première nécessaire à l’usine Total, il a été choisi de privilégier une huile de palme dont la compétitivité est définitivement hors de portée.

Quelle absurdité, monsieur le ministre d’État, que d’aller chercher très loin une matière première disponible en France et produite dans nos campagnes!

Car nous avions l’opportunité à la fois de sauver des emplois dans le secteur des biocarburants et de donner un avenir à nos producteurs, l’agriculture française étant en capacité de fournir, dès à présent, 200 000 tonnes d’huile de colza. Et cette proposition, récemment formulée auprès du premier ministre, est aujourd’hui encore restée sans réponse !

En outre, en réduisant ces débouchés, c’est également les coproduits de ces filières que l’on atteint, tout en empêchant leur développement, à l’exemple des tourteaux qui, après extraction des huiles, apportent des protéines végétales aux élevages.

Où est donc passée la « stratégie de souveraineté sur les protéines » prônée par le président de la République lors de ses vœux à l’agriculture ?

Cette autorisation et ses motivations sous-jacentes constituent bien une défaite à plus d’un titre, tant la pression diplomatico-commerciale de certains pays semble, par ailleurs, avoir joué un rôle crucial.

Face à cette situation, ce que la France n’a pas voulu faire, l’Union européenne le fera-t-elle à l’occasion de la révision de la directive sur les énergies renouvelables, le Parlement européen ayant déjà fait le choix de neutraliser l’utilisation de l’huile de palme énergétique comme biocarburant à l’horizon 2021 ?

Notre pays n’aurait-il pas tout à gagner en mettant en œuvre le « Make our planet great again » que le président de la République avait aussi appelé de ses vœux, réagissant à la décision des Etats-Unis de se retirer de l’accord de Paris sur le climat ?

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